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Acouphènes : la recherche avance sur les facteurs prédictifs de leur évolution et sur leur perception pendant le sommeil

  • heloiseherve2
  • 1 juil.
  • 3 min de lecture

Deux études menées par des chercheurs et médecins de l’Institut reConnect, fondation sous l’égide de l’Institut Pasteur, récemment publiées respectivement en collaboration avec l’Université McGill au Canada et l’Université Grenoble Alpes, apportent un nouvel éclairage sur les facteurs pouvant prédire l’évolution et la sévérité des acouphènes à long terme et sur la manière dont ils sont perçus pendant le sommeil.


Trouble auditif dont souffre 14% de la population mondiale, les acouphènes se manifestent par la perception de sons (sifflements, bourdonnements, …) constants entendus sans qu’aucun son réel ne soit perçu.  Si chez certaines personnes ils ne sont pas gênants, chez d’autres, ils sont très perturbants provoquant des troubles du sommeil, de l’anxiété, de la dépression ou des difficultés de concentration. Aucun traitement n’a encore été développé pour les stopper. Les interventions actuelles visent surtout à soulager la détresse qu’ils provoquent. Identifier les principaux facteurs de risques associés contribue ainsi à améliorer la prévention et la prise en charge.


Comment prédire l’évolution des acouphènes chez un individu ?

Des chercheurs de l’Institut reConnect à l’Institut de l’Audition (Centre Institut Pasteur, Inserm U1335, CNRS UMR8252) et de l’Université McGill au Canada ont utilisé des algorithmes de Machine Learning pour identifier les facteurs de risque associés à l’évolution et la sévérité des acouphènes. Pour cela, les scientifiques ont analysé les données de près de 200 000 personnes, dont plus de 40 000 souffrants d’acouphènes.


Les résultats, publiés en mai 2025 dans la revue scientifique Nature Communications, montrent que la présence d’acouphènes est principalement liée à l’état de santé auditive mais que leur sévérité va non seulement être influencée par la santé auditive mais aussi par les troubles de l’humeur et du sommeil.

Le modèle prédictif développé est capable d’anticiper l’évolution des acouphènes sur une période de 9 ans.


« Ce modèle a été simplifié sous la forme d’un questionnaire de 6 questions à visée clinique qui permettront d’identifier les personnes les plus à risque de souffrir d’acouphènes sévères dans le futur. » expliquent Lise Hobeika[1] et Séverine Samson, co-auteurs de ces travaux.


La prévalence des acouphènes devrait augmenter dans le futur, à cause du vieillissement de la population et l’augmentation de l’écoute avec des casques audio qui sont susceptibles d’altérer l’audition. Mieux comprendre cette pathologie et identifier les facteurs de risques aidera à améliorer la prévention et développer des solutions thérapeutiques.


Perçoit-on les acouphènes pendant le sommeil ?

Pour répondre à cette question, des chercheurs et médecins de l’Institut reConnect, dont Robin Guillard initiateur de l’étude et premier auteur, en collaboration avec l’université Grenoble Alpes ont étudié le sommeil de 195 patients acouphéniques. Leurs résultats sont publiés dans la revue Hearing Research.

Parmi eux, 148 pouvaient se souvenir de leurs rêves et 94,6% ont statué ne pas avoir entendu d’acouphènes. Pour le reste des patients qui entendent leurs acouphènes en rêvant, ils présentent généralement un fardeau acouphénique plus élevé, ressentent davantage de stress et souffrent de d’autres pathologies auditives ou comorbidités.

L’étude est aussi la première à documenter la présence d’acouphènes lors de rêves lucides (ndlr : rêves durant lesquels le rêveur a conscience d’être en train de rêver). En effet, 12,2% des patients ont fréquemment expérimenté les rêves lucides et seulement 38% ont rapporté avoir entendu leurs acouphènes.

« Notre étude confirme ainsi que les acouphènes sont rarement perçus pendant le sommeil », souligne Alain Londero, médecin ORL de l’Institut reConnect à l’hôpital Lariboisière Fernand Widal, AP-HP. Les chercheurs ont aussi relevé que l’état de conscience accrue coexiste avec une absence d’acouphènes, suggérant ainsi que les sons externes durant le sommeil pourraient agir comme un interrupteur des acouphènes.


Tinnitus risk factors and its evolution over time

Hobeika, L., Fillingim, M., Tanguay-Sabourin, C., Roy, M., Londero, A., Samson, S., & Vachon-Presseau, E. (2025). Tinnitus risk factors and its evolution over time. Nature Communications, 16(1), 4244.


Tinnitus, lucid dreaming and awakening. An online survey and theoretical implications.Guillard, R., Dauman, N., Cadix, A., Glabasnia Linck, C., Congedo, M., De Ridder, D., & Londero, A. (2025). Tinnitus, lucid dreaming and awakening. An online survey and theoretical implications. Hearing Research, 458, 109204.

 

En savoir plus sur les acouphènes, sur le site web de la Fondation Pour l'Audition : Acouphènes - Comment les gérer ? Causes, solutions et recherche :

 


[1] Ces travaux font partie du projet de recherche post-doctoral de Lise Hobeika, financé par le programme Horizon Europe de l’Union européenne (HORIZON) via un bourse Marie Skłodowska-Curie (grant No. 101146406)

 


Ce travail porté par l’Institut reConnect, fondation sous l’égide de l’Institut Pasteur, a bénéficié d’une aide de l’État gérée par l’Agence Nationale de la Recherche au titre de France2030, référence ANR-23-IAHU-0003.


L’Institut reConnect fédère les acteurs clés de la santé auditive et des troubles de la parole avec l’Institut Pasteur, la Fondation Pour l'Audition, l’AP-HP, l’Inserm et Université Paris Cité, membres fondateurs de l’IHU.


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